Le métier de viticulteur, c’est un monde à part entière. À la fois, agriculteur, chef d’entreprise et artisan du goût, le viticulteur accompagne la vigne tout au long de l’année, de la taille d’hiver aux vendanges, puis parfois jusqu’à la mise en bouteille. Si vous envisagez de devenir viticulteur, il est essentiel de comprendre concrètement en quoi consiste ce métier, les formations à suivre, les conditions de travail et les enjeux auxquels la filière fait face.
Qu’est-ce qu’un viticulteur ?
Le viticulteur (ou la viticultrice) cultive la vigne et récolte le raisin, généralement destiné à une transformation en vin. Souvent propriétaire de ses terres, cet agriculteur aux multiples casquettes entretient et participe aux vendanges des vignes. Son travail précède celui du vigneron. Il consiste à assurer la santé des vignes pour produire des raisins de qualité puis de les vendre à une coopérative ou à un négociant.
Le viticulteur travaille en tout temps. En hiver, il taille ses vignes. Au printemps, lorsque les vignes arborent leurs premières feuilles, il protège le vignoble et commence les travaux en vert, et cela, jusqu’en été. Les vendanges d’automne amènent à la vinification et à l’élevage en cave.
Quelles formations suivre pour devenir viticulteur ?
En France, on peut accéder au métier à plusieurs niveaux :
Après la 3ᵉ
Les métiers de l’agriculture offrent des formations en CAP (deux ans), avec le choix d’une option vigne/vin ou en trois ans pour obtenir un titre professionnel, BPA ouvrier viticole, en travaux de la vigne et du vin.
Niveau Bac
Le Bac pro Conduite et gestion de l’entreprise vitivinicole spécialise aux métiers de la viticulture et de l’œnologie tandis que le BP Responsable d’entreprise agricole (REA) forme à la spécialité vitivinicole.
Les niveaux Bac +2 et plus
En post bac, il est possible accéder au BTSA Viticulture-œnologie pour viser des postes de chef de culture, responsable d’exploitation, conseil technique, ou bien d’intégrer une école d’ingénieur en agronomie avec spécialisation vigne et vin. Le diplôme national d’œnologue (DNO) professionnalise sur la partie plus technique de l’œnologie.
On trouve aussi des formations de reconversion adulte (BPREA, titres pro, etc.).
Maîtriser les travaux en vert : une étape clé pour devenir viticulteur
Pour devenir viticulteur, il ne suffit pas d’aimer le vin. Il faut aussi savoir accompagner la vigne tout au long de sa croissance, grâce à ce qu’on appelle les travaux en vert. Ce sont toutes les interventions réalisées entre le printemps et l’été, quand la vigne est en pleine végétation. Elles permettent de gérer la plante, d’améliorer la qualité du raisin et, au final, du vin.
Les différentes techniques de travaux en vert
Concrètement, les travaux en vert regroupent plusieurs gestes techniques que tout futur viticulteur doit maîtriser.
- L’ébourgeonnage consiste à enlever les bourgeons et rameaux inutiles pour concentrer l’énergie sur les grappes intéressantes.
- Le palissage et le relevage permettent de guider les rameaux entre les fils, pour aérer la végétation et faciliter le passage du matériel.
- L’effeuillage, réalisé autour des grappes, améliore l’aération et limite les maladies.
- L’écimage (ou rognage) contrôle la hauteur de la vigne pour éviter qu’elle ne s’emmêle et garde un bon équilibre entre feuilles et raisins.
Dans certains domaines, des vendanges en vert sont pratiquées pour réduire le rendement et gagner en concentration.
De la vigne à l’entreprise : le versant gestion du métier de viticulteur
Mais devenir viticulteur, c’est aussi endosser un rôle de chef d’entreprise. Au-delà du travail à la vigne, il faut gérer les stocks et les investissements matériels, suivre la trésorerie, organiser le recrutement et l’encadrement des saisonniers au moment des vendanges. Si le viticulteur vinifie et commercialise ses vins, il doit aussi développer ses débouchés : vente à la propriété, salons, export, relations avec les cavistes et la restauration. C’est la combinaison de ces compétences techniques à la vigne, et de ces compétences de gestion et de commerce, qui permet à un viticulteur de construire une exploitation pérenne et de vivre durablement de son métier.
Les conditions de travail du métier de viticulteur
Le métier de viticulteur est avant tout un métier de terrain, exercé en plein air toute l’année, avec un rythme directement dicté par le cycle de la vigne. Il implique de composer avec les aléas climatiques (gel, grêle, sécheresse) et des variations d’activité : les semaines de vendanges ou de traitements sont particulièrement intenses, avec des journées longues et parfois du travail le week-end, tandis que les périodes creuses laissent davantage de place à l’entretien du matériel, à la gestion ou à la commercialisation.
C’est une activité concrète et physiquement exigeante, qui se pratique debout, souvent penché, avec des gestes répétitifs et le port de charges, notamment lors des vendanges. Les salariés viticoles interviennent seuls ou en équipe selon les exploitations, mais toujours en extérieur, quelles que soient les conditions météo. La conduite de tracteurs ou d’enjambeurs fait aussi partie du quotidien, avec des interventions précises pour les traitements, le travail du sol ou le rognage.
Le métier comporte aussi plusieurs risques liés à la machinerie, aux produits phytosanitaires ou au travail sur pentes, d’où l’importance d’une bonne condition physique, des équipements de protection et de formations adaptées. En contrepartie, beaucoup de viticulteurs valorisent le lien direct avec la vigne, la satisfaction de voir le fruit de leur travail à chaque millésime et la diversité des tâches au fil des saisons.
Les enjeux actuels du métier de viticulteur
Au-delà des aspects techniques et des conditions de travail, devenir viticulteur aujourd’hui signifie aussi composer avec de nouveaux enjeux : environnementaux, économiques et humains. Le métier évolue rapidement et demande une capacité d’adaptation permanente.
Transition agroécologique et nouvelles pratiques viticoles
La viticulture est en première ligne face aux attentes environnementales. De plus en plus de domaines s’engagent dans une réduction des intrants (engrais, produits phytosanitaires) et se tournent vers l’agriculture biologique, la biodynamie ou les certifications de type HVE (Haute Valeur Environnementale).
Pression économique et nécessité de se différencier
Les viticulteurs évoluent dans un marché très concurrentiel, avec la concurrence internationale, le poids de la grande distribution, et des consommateurs plus volatils. Les marges peuvent être serrées, surtout pour les petites exploitations.
Pour sécuriser leurs revenus, beaucoup de viticulteurs développent des stratégies de différenciation : montée en gamme, création de cuvées spécifiques, développement de l’œnotourisme (visites de cave, dégustations, gîtes au domaine), travail de l’image de marque et du marketing digital.
Recrutement et montée en compétence des équipes
Le secteur viticole fait face à une tension sur la main-d’œuvre, notamment pour les travaux saisonniers (taille, vendanges, travaux en vert). Certaines régions peinent à recruter suffisamment de saisonniers, ce qui oblige les exploitations à anticiper davantage, à fidéliser leur personnel ou à mécaniser certains travaux.
Parallèlement, les exploitations recherchent des profils plus qualifiés : tractoristes expérimentés, chefs de culture, responsables de chai, profils polyvalents vigne/cave/commerce.
